Interview : Intersection, poésie et musique électro, Tania Saleh esquisse le visage du monde arabe actuel

Interview : Intersection, poésie et musique électro, Tania Saleh esquisse le visage du monde arabe actuel

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Tania Saleh s’est imposée sur la scène alternative arabe avec sa musique et sa personnalité. Auteure-compositrice, elle a toujours agencé ses influences orientales et occidentales dans une sorte de fusion dont elle seule maîtrise l’alchimie. Elle a travaillé avec les plus grands comme Ziad Rahbani ou la réalisatrice Nadine Labaki et, pour son nouvel album « Intersection », elle a choisi de collaborer avec un musicien tunisien « Khalil Judran ».

 

Dans « Intersection », Tania franchit un nouveau palier, dépassant les frontières de la musique pour aller vers une œuvre audiovisuelle encore plus complète. S’inscrivant dans l’air du temps en faisant appel à un artiste VJ, producteur de musique électronique, mais aussi à des street artists en provenance de différents pays arabes, l’artiste a donné naissance à une critique en poésie du monde dans lequel nous vivons.

 

Une esthétique contemporaine qui inclut des sonorités électroniques, des graffitis et des paroles de poètes icônes comme Bayarm Al Tunsi, Salah Jahin, Nizar Kabbani, Mahmoud Darwich, Ahmad Fouad Najm, Nazek Al Malaeka, Jibran Khalil Jibran et d’autres, sont les principales composantes de ce projet.

 

Tous ces poètes ont marqué le 20e siècle et ont porté un regard critique sur les sociétés et les politiques arabes. Ils ne se sont jamais détachés de la réalité du monde dans lequel ils ont vécu. Leur critique est toujours d’actualité, elle retrouve tout son éclat en se mariant à une expression artistique de notre siècle, le siècle d’une génération qui se trouve à la croisée des chemins.

 

L’album contient 13 tracks, dont la majorité a totalement été composée par Tania Saleh sauf pour 2 chansons où Khalil Judran a mis en musique les paroles de Younes El Ibn (Quarrel with Allah) ainsi que celles de Lilith (Joumana Haddad). La chanteuse a aussi écrit les paroles de Speechless et de Show Me The Way.

 

Cet artiste tunisien qui vit au Canada est décrit comme « activiste » et « énigmatique » par Tania Saleh. Tout comme elle, il travaille avec le Label norvégien KKV, ce qui a rendu leur rencontre et leur collaboration possibles.

 

Autre nouveauté, Intersection nous montre une facette que l’on connaissait probablement peu de Tania Saleh. Cette artiste plasticienne a étudié l’art contemporain et on la voit peindre dans le film promotionnel de l’album. Le street art étant une expression artistique qui convient mieux à Tania que l’art plus conventionnel qu’elle a étudié. En tout cas, c’est ce qu’elle nous a confié dans une interview accordée à Misk où elle nous a parlé de ses choix et des jeunes artistes arabes qui ont apporté leur touche à Intersection. D’amour, de radicalisme, de rêves, de guerres et de tout ce qui peut rassembler ou diviser un monde arabe qui se déchire, c’est de cela que traite cet album...